« Il faut que je compte 15 secondes ! Alors. 1, 2, 3… Attends, c’est peut-être un peu 

approximatif… Mieux vaut être prudents. Ce serait con de gâcher un test pour des secondes subjectives. Einstein le disait bien : le temps est relatif ! D’ailleurs, en y réfléchissant quelque peu, en ce moment-même, alors que ma vessie me presse et m’oppresse, que ça fait 14 jours que je tourne comme un lion en cage, eh bien, en ce moment-même, j’ai l’impression que chaque seconde s’étire et dure une éternité. »

« Personne ne peut te préparer à vivre ça. Je veux dire, je suis conscient que dans une bonne partie du monde, c’est l’enfer à côté de ce qu’on vit, je sais que j’ai échappé aux guerres (enfin, pour le moment), que j’ai évité les cataclysmes et autres catastrophes naturelles (enfin, pour le moment) et à l’armée. J’ai même échappé à la journée civique. Mais ce qu’on vit, c’est notre Vietnam à nous. C’est un vrai champ miné. Il y a des bombes qui explosent un peu partout dans nos cœurs. Bordel. On s’éteint à petits feux. »

« ELLE : Chéri, on est à J14. C’est maintenant ou jamais. Allez viens, mon amour. 

LUI : J’arrive. 

J’y vais. J’essaie. Parfois, j’y arrive. Mais ça me rebute. Pas elle. Ça. Et ça, ça me rebute. Ça me tue à petits feux. Ça m’éteint de l’intérieur. Et je sens qu’elle le sent. Je sais qu’elle le sait. 

ELLE : Oui, bien sûr que je le sais. 

LUI : Elle aussi, elle joue le jeu. 

ELLE : Oui, bien sûr que je joue le jeu. Il faut qu’on continue. On n’a pas le choix.

LUI : Elle aussi elle se consume. Ça la consume. Deux consumés. Voilà ce qu’on est devenus. Deux consumés. »